Florence Guillot a délocalisé sa Maison d’Artémis du centre ville bordelais à la campagne médocaine. Un lieu où l’on peut dorénavant acheter ou boire son café, savourer une délicieuse cuisine végétarienne et faire ses courses dans une épicerie où les produits locaux sont vendus en vrac.
Guidé par les effluves de café fraîchement torréfié, on traverse la boutique aux étagères couvertes de tasses et de gourmandises, puis l’espace restauration et enfin le petit jardin, avant d’arriver à l’épicerie. L’aménagement de cette dernière dans une dépendance est le dernier chantier réalisé en 2016 par Florence Guillot. Depuis son ouverture il y a cinq ans, la Maison d’Artémis ne cesse de s’agrandir. C’était d’abord une boutique salon de thé où la maîtresse des lieux torréfie elle-même son café, puis se sont ajoutés un lieu de restauration et enfin cette épicerie vrac. Avec cette offre de proximité dans un centre-ville mal achalandé, la dynamique chef d’entreprise entendait inciter les récalcitrants à franchir le seuil de son magasin. Elle a donc fait l’effort d’aligner ses prix sur ceux des grandes surfaces bio de la métropole bordelaise, tout en choisissant de s’approvisionner auprès de producteurs locaux ou équitables. Le pain vient de chez la minotière girondine Élodie Aubert, les légumes du maraîcher du village voisin de Cissac, les légumineuses de la ferme de Chassagne en Charente, à peine plus loin. Avec une spécificité. Qu’il s’agisse des produits d’entretien, des huiles, des pâtes, des épices ou des légumes, tout y est vendu sans emballage. Tous les produits sont aussi utilisés pour mitonner les délicieux plats végétariens servis le midi, à prix raisonnable (9,50 € café ou thé inclus, 13 € avec le dessert). Un moyen de réaliser des économies d’échelle.
Du centre-ville au cœur de bourg
Diplômée de Sciences-Po Strasbourg, elle a exercé le métier de Crédit Manager auprès de grands groupes pendant une dizaine d’années. En 2008, lassée de cet univers et des innombrables réunions avec les actionnaires, elle ouvre dans le centre-ville bordelais une première boutique de vente de café. Un retour aux sources : sa mère est torréfactrice. C’est dans les pas de son mari expert-naturaliste qu’elle découvre le Médoc, où elle décide de s’ installer et de renouer avec ses racines paysannes, son enfance à la ferme en Touraine avec un père agriculteur-céréalier, des grands-parents chez qui on tuait le cochon. À Bordeaux, son affaire tournait bien mais elle manquait de place pour torréfier elle-même son café. A Lesparre, elle s’en donne les moyens. Quand elle présente son projet à la banque, elle obtient sans mal les 100 000 € nécessaires pour l’acquisition des murs de la future Maison d’Artémis, le financement du matériel et des travaux. Florence embauche une employée à mi-temps pour l’aider à tenir le salon de thé qui accompagne l’activité torréfaction et boutique. Face à la demande de la clientèle, elle se rapproche alors de la cuisinière itinérante médocaine Laurence Dessimoulie, qui conçoit pour le midi une offre végétarienne avec des plats du jour à base de produits frais. Ce développement se traduit par une deuxième embauche. « Grâce aux 7 000 € de subvention à la création d’entreprises du dispositif Créagir, arrivés avec un décalage de deux ans, j’ai pu financer l’installation d’une véritable cuisine et faire restaurer la toiture de la future épicerie vrac », précise-t-elle. Une cuisine bienvenue pour préparer les 24 repas servis tous les midis et, depuis peu, les plateaux à emporter pour les entreprises locales.
Une épicerie nomade en projet
Même si l’épicerie reste encore un peu à la traîne, quatre salariés dont un apprenti assurent désormais les 70 heures d’ouverture hebdomadaire. Animations régulières, prêt de la salle de l’étage aux associations, la Maison d’Artémis est devenue incontournable dans le bourg de Lesparre, entraînant dans son sillage l’ouverture de nouveaux commerces qui, sur les conseils de la mairie, se sont adressés à la chef d’entreprise pour bénéficier de son expérience.
Forte de ce succès, Florence décide en 2015 de dupliquer le concept à Pauillac. Mais avec 20 000 € de perte la deuxième année, la dirigeante doit se résoudre à licencier son employée. Ce coup dur ne l’empêche pas d’aller de l’avant. Elle étudie actuellement l’idée d’un camion épicerie-torréfacteur itinérant pour écumer les marchés et profiter de l’ activité estivale. En attendant, elle fait vivre la Maison d’Artémis avec chaque année un week-end d’ateliers, conférences autour de repas pris en commun. Après le zéro déchet en 2017, elle a choisi de mettre l’accent, du 16 au 18 mars, sur cette « nature qui nous soigne ». L’occasion aussi d’inaugurer un jardin partagé qu’elle a initié dans un village voisin.