Déguster l’estuaire de la seudre

L’embouchure de la Seudre régale les yeux comme le palais.
Embarquez à bord du train des Mouettes ou de l’« Aigrette II »
au port de Mornac-sur-Seudre (17) pour en découvrir les richesses

Soixante-huit kilomètres au total, c’est la distance que parcourt la Seudre en
Charente-Maritime, entre sa source à Saint-Genis-de-Saintonge et son embouchure à La Tremblade, tout en traversant 955 kilomètres carrés de marais. Ce qui en fait l’un des plus petits fleuves maritimes de France, mais aussi le plus petit estuaire. Pourtant, quelle richesse ! Sur ses rives, le paysage a été façonné par le travail des sauniers d’abord, puis des ostréiculteurs et des agriculteurs.
Si les descriptions du Moyen Âge font déjà état de marais bien structurés par les moines, c’est aux protestants que l’on doit le développement de la saliculture. Le sel de Saintonge, notamment le « blanc de Liman », récolté entre Mornacsur-Seudre et L’Éguille, est même coté sur les marchés d’Amsterdam. Pour autant, « l’industrialisation de la culture avec les Salins du Midi, l’arrivée du réfrigérateur et l’ostréiculture, plus rémunératrice, sont à l’origine de son déclin », explique Christophe Mignon. Il est l’un des trois derniers sauniers à avoir relancé l’activité sur le territoire. Ses 48 carreaux émaillés de pyramides de gros sel sont perdus en pleine nature sur la rive droite de la Seudre, dans le marais de Saint-Just-Luzac, « là où l’on comptait le plus de sauniers à l’apogée de l’or blanc », rappelle-t-il. Son sel est estampillé « Nature et Progrès », un label qui prend en compte la dimension sociale, éthique et environnementale de sa
production.

 

DU SEL À L’HUÎTRE

Restaurateurs et boulangers ne s’y trompent pas, puisqu’ils viennent de plus en plus s’approvisionner chez lui. Pour le rencontrer, il suffit de se rendre au port de L’Éguille, où il le commercialise en vrac ou dans des pots en bois fabriqués par un artisan local. Le plus récent sur la Seudre, ce petit port au charme tranquille bordé de cabanes.

 

Le train des Mouettes traverse 21 kilomètres de plaine agricole et de marais sur une ancienne ligne afectée au transport des huîtres ostréicoles a été construit par les
Éguillais eux-mêmes.
Les marais salants, dont l’implantation a été favorisée par la forte salinité des lieux, ont été progressivement transformés en claires, où sont désormais affinées les huîtres qui font la renommée de la région. « Tout ce secteur était une immense lagune dont les chenaux ont été creusés par les flux et reflux des marées, et les alvéoles par les hommes pour le sel et les poissons, d’où leurs différentes profondeurs », signale Frédéric Llaguno, le capitaine de l’« Aigrette II », basée à Mornac-sur-Seudre, quand il promène ses passagers sur les quelque 30 chenaux qui traversent le marais.

OBSERVER LA NATURE

Posé sur le flanc oriental de la presqu’île d’Arvert, sur la rive gauche de l’estuaire, Mornac est l’un des 11 ports qui se  succèdent le

 long de la Seudre. Labellisé depuis 2011 « Village de pierres et d’eau », il se caractérise aussi bien par ses ruelles fleuries de roses trémières aux multiples boutiques d’artisanat que par son riche passé. Ce bourg arrondi recentré sur lui-même s’est fortement

 développé au Moyen Âge : il s’agissait alors du port le plus important du territoire et on y déchargeait le contenu de bateaux convoyé ensuite en charrette jusqu’à Royan, décrit Guillaume, « passeur d’histoire » pour l’office de tourisme.
Grâce notamment à son église modifiée au fil des siècles, il a été classé Plus Beau Village de France en 1982. Les halles, qui ont été reconstruites à l’identique, s’animent le mercredi matin, ainsi que le jeudi soir lors du marché nocturne estival.
Mornac-sur-Seudre fait partie du bassin ostréicole de Marennes-Oléron, au même titre que les 27 communes appartenant au périmètre défini par

 l’indication  géographique protégée valable pour l’affinage, l’élevage en claires et le conditionnement de cette huître peu salée, au léger goût de noisette. Elle est d’ailleurs la seule en France à bénéficier du Label rouge.

La vigne est, elle, devenue très présente, après la Seconde Guerre mondiale, quand les agriculteurs ont acquis le droit de plantation. Les ostréiculteurs en cultivaient quelques pieds pour leur consommation. Charles, le grand-père Guillon, venait d’une famille d’ostréiculteurs.      Il livrait son raisin à la coopérative, jusqu’à ce qu’il décide, dans les années 1960, de distiller lui-même son cognac avec son propre alambic.
Une première dans le secteur. Son fils Thierry puis son petit-fils Jonathan ont poursuivi dans cette voie en vendant en direct leurs bouteilles à la propriété et en l’ouvrant à la visite. Depuis 2021, le Domaine des Claires est certifié bio. Outre quatre qualités de pineau des Charentes et de cognac, dont un XXO assemblé avec une partie de la première récolte de 1979, la gamme comprend neuf vins différents. Les claires existent toujours au bout des vignes, mais les huîtres restent réservées ici à la famille.
Jonathan n’exclut pas de proposer un jour une dégustation d’huîtres et de vin,  en souvenir de l’histoire familiale.

LOCOMOTIVE À VAPEUR

On peut rallier La Tremblade, depuis Saujon, à bord du train des Mouettes, tracté par une locomotive à vapeur. Le trajet de 21  kilomètres, sur une ligne ferroviaire ouverte en 1876 autrefois affectée au transport des huîtres, traverse la plaine agricole saujonnaise, les marais et une zone plus urbanisée à l’approche de son terminus.
La Tremblade est la commune la plus étendue de la presqu’île d’Arvert,  majoritairement constituée par la forêt de la
Coubre, plantée au XIXe siècle. Avec ses chantiers navals, ses magasins et ateliers
de la marine royale, son port.

On peut rallier La Tremblade, depuis Saujon, à bord du train des Mouettes, tracté par une locomotive à vapeur. Le trajet de 21  kilomètres, sur une ligne ferroviaire ouverte en 1876 autrefois affectée au transport des huîtres, traverse la plaine agricole saujonnaise, les marais et une zone plus urbanisée à l’approche de son terminus.
La Tremblade est la commune la plus étendue de la presqu’île d’Arvert,  majoritairement constituée par la forêt de la
Coubre, plantée au XIXe siècle. Avec ses chantiers navals, ses magasins et ateliers
de la marine royale, son port.

CARNET D’ADRESSES

Se renseigner :
programme de visites et d’animations estivales sur royanatlantique.fr, www.infinimentcharentes.com
Procurez-vous dans les offices de tourisme les parcours Détours, qui décrivent un circuit
balisé dans les villes et villages de l’estuaire.

Le train des Mouettes
Une traversée en train d’une heure vingt à 30 km/h de moyenne, pour observer les paysages au gré des commentaires des bénévoles de l’association, depuis Saujon
jusqu’à La Tremblade, avec arrêt à Mornac-sur-Seudre et Chaillevette. Possibilité à certaines dates de conjuguer train et vélo. A/R : 15 €.
Tél. 05 46 05 37 64,
www.traindesmouettes.fr

En bateau sur la Seudre
Au port de Mornac-sur-Seudre, Frédéric Llaguno navigue depuis 2004 avec l’« Aigrette II », son bateau promenade. C’est dire qu’il en connaît un rayon sur la rivière et ses habitants, dont il raconte l’histoire. Pour les amateurs de fruits de mer, il propose aussi une navigation au crépuscule, autour d’un plateau servi avec du vin de pays.
Un moment convivial en bonne compagnie. D’avril à septembre, en fonction des marées. 21 €
1 h, 59 € 2 h avec dégustation de fruits de mer. Port de Mornac-sur-Seudre.
Tél. 07 87 75 25 34,
www.seudrecroisieres.com

Une balade naturaliste
Fabienne Plissonneau assure des balades naturalistes pour sensibiliser le public au
vivant et surtout « transmettre de l’émerveillement ». Elle invite à toucher, sentir, goûter et écouter la nature.
Tél. 06 45 51 73 86,
www.aucoeurdumarais.wixsite.com

Le paysan du sel
Brice Thomas s’est installé comme saunier il y a un an à La Tremblade. Il y a aménagé un parcours de visite libre ou guidée (les jeudi, vendredi, samedi à 14 h) de son marais.
L’occasion d’en apprendre davantage sur cette activité saisonnière (d’avril à octobre).
Pont Noir, boulevard Roger-Letélié, La  tremblade. Tél. 07 82 36 41 81.

Domaine des Claires
Accueil gratuit avec visite de la distillerie, du chai de vieillissement et dégustation. Visite guidée approfondie d’une heure, selon la demande. 6 € par personne. Boutique de vente sur place. 2, rue des Tonnelles, Arvert. Tél. 05 46 47 31 87,

www.domainedesclaires.fr

Les sculptures d’Alain Nouraud
Dans sa galerie de Ronce-les-Bains, Alain Nouraud expose un étrange bestiaire « portant des éléments ressuscités d’une
vie passée et la promesse d’une nouvelle histoire ». Il laisse généralement sa fenêtre
ouverte pour qu’on puisse le voir travailler dans son atelier.
78, avenue Gabrielle, La Tremblade.

Le sel de Christophe Mignon
Le saunier engagé pour l’environnement vend, pour la cinquième saison, sa  production dans une cabane du port de
L’Éguille-sur-Seudre, adossée à un grenier à sel (sauf dimanche).
Le sel en Seudre, port de L’Éguille.
Tél. 06 68 09 66 78.