Mérignac dans le viseur

Le Mérignac Photographic Festival  accueille des photographes du monde entier. Certains n’ont jamais exposé en France

Avec la deuxième édition de ce festival, qui se tiendra du 5 octobre au 17 décembre 2017, Mérignac, en Gironde, accueille des photographes primés ou encore jamais exposés en France. Cette  biennale constitue le moment fort d’un programme qui se déploie dorénavant sur l’année, avec en particulier des actions de médiation menées vis-à-vis des scolaires, et qui bénéficie,  avec la vieille église Saint-Vincent, d’un espace entièrement réservé à cet art.

Cette année, Ingrid Bourgeois, la directrice de la manifestation, a fait appel, pour sa programmation, à François Cheval, une référence en la matière, qui a dirigé pendant 20 ans le musée de Chalon-sur-Saône consacré à l’histoire de la photo. Avec l’objectif d’en marquer l’identité tout en suscitant la rencontre entre les créateurs et le public local autour de la notion de communauté. D’où l’idée, par exemple, de construire des structures éphémères  disséminées dans l’espace public pour présenter des expositions temporaires. « Des grandes maisons à l’image de ces lieux où les anciens se réunissaient pour régler les problèmes de voisinage », indique le commissaire d’exposition, qui a voulu y favoriser autant la contemplation que l’échange.

11 expositions

La photographe espagnole Isabel Muñoz, qui a reçu en 2016 le prix national de photographie de son pays d’origine, a été choisie pour parrainer l’évènement. Son travail « Album de famille », visible à la vieille église, interroge, avec ses immenses portraits, la part d’humanité des grands singes. Dans ce même lieu, on découvrira  l’exposition « Waniku »,  de sa compatriote Andrea Santolaya sur les mythes fondateurs de la culture warao. L’œuvre du Philippin Jake Verzosa sur les dernières femmes tatouées du Kalinga n’a jamais été présentée en Europe. Celle du photojournaliste portugais d’origine britannique Joshua Benoliel  (1873-1932) sur les mouvements populaires à Lisbonne, également montrée pour la première fois en France, sera mise en regard avec le travail plus récent de Meyer, membre du collectif Tendance Floue, sur le mouvement Nuit Debout.

Autre vision, autre communauté avec les portraits de Hells Angels du photographe autodidacte zurichois Karlheinz Weinberger qui, pendant des années, a étudié à la manière d’un anthropologue les « blousons noirs » suisses. Éric Pickersgill, Anna Malagrida, Mark Neville, Qian Haifeng, et Madeleine de Sinety font partie de la programmation. Des œuvres sélectionnées par François Cheval dans le fonds de l’artothèque de Pessac permettront de répondre à la question : « Existe-t-il une écriture photographique spécifique féminine ? », quand des documentaires et des projections des collectifs Les Associés et Cyclop offriront un autre regard sur le concept de communauté. Enfin, le festival ayant pour ambition d’accorder une place importante aux échanges et à la pratique, amateurs et professionnels pourront participer à trois workshops et à des lectures de portfolios en face à face avec des spécialistes ou devant un public. Les habitants sont quant à eux conviés à une soirée festive le 7 octobre qui conjuguera concerts et projections.La première édition en 2015, dont Bettina Rheims était la marraine, avait accueilli près de 11 700 visiteurs. Qui dit mieux ?