La philo, Sophie et les petits

Depuis douze ans, cette ancienne enseignante initie les enfants à la réflexion et au débat. Dans le cadre du prix Philosophia jeunesse, lancé en 2018, elle s’appuie sur la lecture pour leur faire explorer des thèmes fondamentaux.

Chers apprentis philosophes, me revoilà pour le prix Philosophia jeunesse, qui va faire de vous des lecteurs, des philosophes et les membres d’un jury. » Ce n’est pas à des adultes que s’adresse Sophie Geoffrion, mais bien aux élèves de CM1 de l’école primaire Elie-Janailhac, à Saint-Emilion, en Gironde. Après avoir enseigné pendant plusieurs années, la docteure en philo de 49 ans a fondé en 2006 l’association Philo land pour rendre la discipline accessible à tous, dès 7 ans. Ses ateliers, animés avec des plasticiens et des comédiens, ont, depuis, essaimé dans les écoles, les médiathèques ou les centres aérés de la région Nouvelle-Aquitaine.
Lancé en 2018, le prix Philosophia jeunesse récompense un livre pour enfants. Pour cela, les ateliers organisés avec les bambins sur une sélection d’ouvrages sont autant d’occasions d’explorer des thèmes, comme la justice, la vérité ou l’histoire. « En philosophie, on pose des questions, mais il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses », rappelle Sophie.

Exercer leur sens critique

Lors de ce rendez-vous mensuel, les enfants exercent leur sens critique et aiguisent leur réflexion. Ce jour-là, avec Notre Jack de l’Anglais Michael Morpurgo, la guerre est au cœur du débat. « Pourquoi se bat-on ? » lance la philosophe. « Pour garder ou gagner un territoire », suggère Lola, blondinette à lunettes, après avoir levé la main. « Pour résoudre des problèmes », complète Clémentine, yeux bleus et queue-de-cheval. « La guerre nécessite-t-elle forcément des armes ? » poursuit Sophie Geoffrion. Grâce à ce ping-pong verbal, les idées prennent corps, voix, forme afin de valoriser la pensée. « En grandissant, on perd notre capacité à s’étonner, à s’émerveiller et à interroger le monde, alors qu’il y a des vertus au questionnement », analyse l’ancienne prof. Avec le prix Philosophia jeunesse, elle démontre que la sagesse n’attend pas le nombre des années.