La fève dans le sang

La petite chocolatière joue dans la cour des grands
Dans son atelier bordelais de 30 mètres carrés, Hasnaâ Ferreira, 33 ans, vérifie ici une ganache, goûte là un praliné, surveille d’un œil les amandes dans le four. Cette année, pas question de tomber en rupture de stock pour les fêtes. « A l’ouverture de la seconde boutique en 2016, nous avons été dévalisés. On apprend de ses erreurs ! », confie-t-elle. En moins de cinq ans, elle a ouvert deux chocolateries, un bar à mousse au chocolat, et s’est vue décerner l’Award de la haute chocolatière en 2016, assorti d’une Tablette d’or, l’équivalent des étoiles Michelin. Sa marque de fabrique : travailler les premiers crus de plantation, gage de qualité. Elle a d’ailleurs rejoint le cercle restreint des chocolatiers français qui torréfient eux-mêmes leurs fèves. Pourtant, lorsqu’elle quitte, en 2009, son Maroc natal pour suivre son mari à Bordeaux, BTS d’assistante de direction en poche, pour suivre son mari Vincent, à Bordeaux, elle est loin d’imaginer la suite…
De Pôle emploi à « MasterChef »
Après des mois de chômage et un emploi de secrétaire où elle s’ennuie, elle songe à se reconvertir. Pourquoi pas le chocolat, dont elle a toujours été friande ? « J’hésitais à m’inscrire à l’Institut national de la Boulangerie-pâtisserie qui forme au métier de chocolatier, lorsque j’ai reçu ma lettre de licenciement. Au même moment, j’ai appris ma sélection pour la saison 2012 de MasterChef. A la suite d’un pari avec Vincent, j’avais envoyé ma candidature », raconte la chocolatière. Tout s’accélère. Arrivée neuvième au concours de téléréalité de TF1, elle enchaîne avec un stage chez Lenôtre, avant de décrocher son CAP. En quête d’un emploi, Hasnaâ s’entend dire qu’elle est trop âgée pour être embauchée. La battante confectionne alors ses chocolats à la maison puis, aidée de son mari, inaugure sa première boutique : Hasnaâ Chocolats Grands Crus. Aujourd’hui, cette maman de deux fillettes dirige une équipe de douze personnes !