Le bureau revisité

 
À l’aube de la cinquantaine, Denis Belembert a décidé d’opérer un tournant dans sa carrière professionnelle de menuisier-ébéniste et de laisser parler sa créativité. C’est ainsi qu’est né, dans son atelier oléronais, son « bureau ». Difficile de qualifier cette pièce d’apparat, plus proche d’une sculpture que d’un meuble fonctionnel. ©patricia-mariniPour preuve, six mois après sa création, lui-même ne lui a toujours pas donné de nom, peut-être en raison de la longue gestation qui lui a été nécessaire pour le mettre au jour. Un croquis, d’abord, enfermé aux côtés d’autres dans son carnet, puis une maquette pour trouver le point de force et enfin un premier prototype en citronnier. Au bas mot deux cents heures de travail pour bâtir le squelette de bois cintré sur lequel est posé un placage collé. Pas d’angles droits, donc pas d’usinage machine possible. Le modèle définitif a été réalisé en zebrano, un bois précieux d’Afrique choisi pour ses rayures, qui soulignent les courbes de ce bureau volontairement privé de tiroirs. Constitué de deux pièces posées l’une sur l’autre, il joue, malgré son volume, autant sur l’équilibre que sur le déséquilibre, à tel point qu’il semble s’abstraire de l’apesanteur. Le menuisier, qui n’est jamais autant créatif que lorsqu’il s’impose des contraintes, réfléchit déjà à une bibliothèque dans le même esprit. Reste à trouver les fonds nécessaires pour acheter la matière première, du bois noble forcément. Le « bureau », lui, cherche un lieu d’accueil.