Transformer objets ou vêtements pour leur donner une seconde vie, c’est le but de l’upcycling. Une tendance qui compte de plus en plus de convertis
« Détourner les objets a toujours été une évidence pour moi. J’ai été élevée dans l’idée de pouvoir réaliser soi-même ce que l’on utilise », témoigne Nathalie Kaid. Il y a quatre ans, elle a créé, avec son mari Fabrice, l’Atelier d’éco solidaire, l’une des premières recycleries créatives de Bordeaux. « On collecte des objets ou du mobilier pour les transformer en leur apportant une valeur esthétique supplémentaire », explique la plasticienne, également photographe. Ces pièces uniques sont vendues dans leur show-room du quartier Bacalan.
Prise de conscience
Avec sa boutique We Are Nothing dans le quartier Saint-Pierre, Charles Burke est lui aussi un précurseur : il propose depuis 5 ans des objets déco créés localement à partir de matériaux recyclés. Une vraie prise de conscience pour cet adepte du slow design, qui vient pourtant de la grande distribution. « Si l’upcycling reste un phénomène récent à Bordeaux, il rencontre une véritable résonnance aussi bien auprès des particuliers qui veulent customiser meubles ou vêtements qu’auprès des professionnels, juge Fabrice Kaid. Nous sommes d’ailleurs régulièrement sollicités pour partager notre expérience. » Et les initiatives continuent de se multiplier.
Créations uniques
« Chaque année, sur les 700 000 tonnes de textiles diffusées sur le marché français, seules 100 000 tonnes intègrent la filière du recyclage, » observe Céline Patrier, qui a créé en 2013 la marque Originby Ses vêtements pour femmes et enfants, conçus par des créateurs, sont confectionnés dans son atelier de Gradignan, à partir de tissus recyclés, collectés et triés par des entreprises d’insertion bordelaises. Les costumières de théâtre Odile Béranger et Muriel Liévin, également installées à Bordeaux, arpentent les vide-greniers pour trouver les canevas brodés qui leur servent de matière première. Ensemble, elles ont imaginé MO, une collection de vestes, blousons et manteaux, composée à partir de ces tapisseries vintage. Chaque pièce raconte une histoire unique, comme un tableau. Elles ont été lauréates en 2013 du concours général des ateliers d’art de France.
On peut aussi « upcycler » des produits alimentaires. Dans les locaux de la banque alimentaire, Dominique Adechi prépare chaque semaine 500 pots de confiture et de chutneys avec les fruits invendus par les supermarchés ou les producteurs. Ses savoureuses confitures ont trouvé leur place dans les épiceries fines de Bordeaux. Assaisonné à toutes les sauces, écolo et anticrise, l’upcycling n’a pas fini de nous étonner.