Légendes des mers

Le Yacht club classique de La Rochelle célèbre ses dix ans, l’occasion de revenir sur l’histoire de ces voiliers uniques qui doivent leur survie à des passionnés.
 
Qu’ils vivent sur leur bateau ou le bichonnent pour des croisières autour du monde, les propriétaires et équipiers de yachts classiques ont en commun leur passion pour ces voiliers en bois qui affichent sans complexe leur grand âge : jusqu’à un siècle pour certains d’entre eux. Ils se sont regroupés au sein du Yacht Club Classique (YCC), qui a vu le jour il y a 10 ans dans le giron du Musée maritime de La Rochelle, à l’initiative de Patrick Schnepp, qui en était le directeur. Son objectif ? Faire vivre ces bateaux, pour certains classés Monuments historiques, grâce à un programme ambitieux de régates, comme la Plymouth-La Rochelle créée en 2012. Tout en préservant et en contribuant à faire connaître un patrimoine unique. Le YCC compte aujourd’hui une centaine de propriétaires et quelque 300 équipiers. « Il n’est en effet pas nécessaire de posséder son bateau pour faire partie de ce club qui se veut très ouvert. Il suffit d’aimer naviguer », insiste Christophe Ranger, vice-président. Pour manœuvrer en régate certaines de ces embarcations où tout se fait à la main, pas moins de 7 ou 8 équipiers s’avèrent nécessaires. « Ce qui crée de vraies amitiés entre des membres de toutes nationalités et de tous horizons », ajoute Thomas du Payrat, administrateur et skipper de « Thalamus ». Chaque vendredi soir, dans l’ancienne maison des Douanes devenue le siège de l’association, la voile et les bateaux sont au cœur de toutes les conversations. On y croise aussi de futures recrues : les étudiants qui participent au Défi des midships, une course annuelle qui leur permet d’embarquer sur ces légendes des mers aux côtés de leurs propriétaires. De quoi leur donner envie de reprendre le flambeau.
8 rue de l’Armide – 17000 La Rochelle www.yachtclubclassique.com
 

Culture maritime
Le YCC s’est imposé comme le point de ralliement de ces mordus. Par une politique tarifaire attractive et par l’organisation d’évènements culturel destinés à faire vivre la culture maritime. Auteurs, cinéastes, peintres ou scientifiques viennent y partager leur goût de la mer et de la voile. Lors de l’assemblée générale, prévue le 14 novembre, Jean-Louis Nicolas, le propriétaire de « Lasse », le bateau utilisé pour le tournage du film « Plein Soleil » de René Clément avec Alain Delon, fera une conférence sur sa restauration. L’occasion également de revoir ce film mythique.

 

NiñitaMaison sur l’eau
« Niñita », l’élégante goélette des Anglais Paul et Jenny Davies, est une réplique du yacht « Niña », construit par Starling Burgess en 1927 et considéré comme très performant en course. Ils en ont fait une copie conforme dans l’idée de pouvoir le manœuvrer à deux. Paul, fils de sous-marinier, a imaginé tous les aménagements intérieurs. Depuis onze ans, ils parcourent les océans à son bord. Niñita est devenue leur maison, et ils passent plusieurs semaines par an sur les quais rochelais.
 

Christina-2Monument historique
Enseignants à la retraite, Aline et Alain Crène assurent eux-mêmes la quasi totalité de l’entretien de « Christina II », un sloop dessiné par l’architecte Van Essen en 1966. Ils l’ont acheté il y a près de 40 ans, par goût pour la croisière. « C’est grâce au soutien technique et financier des chantiers navals de Bordeaux et La Rochelle, que nous avons pu le conserver », assure Alain. « Christina II », classé Monument historique, est resté à 95 % dans son jus, ce qui ne l’empêche pas de bien se défendre en régate.
 

khayyamPar tous les temps
Il est, depuis 1991,la propriété de Jean-Christian Fandeux, qui a présidé le Yacht Club Classique jusqu’en 2013. « Khayyam » est un vieux loup de mer qui révèle toute sa splendeur sous voile. Ce cotre de 18,50 m dessiné par Olin Stephens et construit en 1939, ne craint pas le mauvais temps. Il nécessite un équipage affuté et le confort y est plutôt spartiate. On n’y néglige pas pour autant la convivialité. Pour en faire partie, mieux vaut savoir cuisiner, car chacun passe à tour de rôle derrière les fourneaux.
 

GregaouDeux ans de travail
Si acquérir un yacht classique ne nécessite pas forcément un investissement important, cette passion peut néanmoins devenir onéreuse. Philippe Virondel , dit Doudou, n’a pas acheté son « Gregaou », un joli cotre de 1965, plus de 2 500 euros mais il a fallu deux années entières à ce menuisier de métier pour le restaurer.